L'interrogatoire de l'Ostéopathe

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Lorsque vous vous rendez chez l’ostéopathe, passé les échanges de politesse (sans contact évidemment, COVID oblige), la consultation démarre en général par un interrogatoire, plus ou moins intrusif avec, entre autres, des questions qui peuvent paraître tellement sans rapport avec le motif de votre venue, que vous en venez à vous demander si vous n’êtes pas au commissariat !

Seulement, dans mes précédents textes, j’expliquais que selon moi :

  • L’ostéopathie ne soignait pas l’origine de la douleur
  • Qu’en plus il était impossible de la déterminer
  • Et que de toute façon, on n’en avait pas besoin

Mais alors, pourquoi toutes ces questions sur votre passé ?
« 
parce queeeee »

I. Déterminer si votre motif du jour est bien du ressort de l'ostéopathie

C’est la priorité absolue !
Pour rappel, l’ostéopathie ne peut prendre en charge que les pathologies fonctionnelles…et c’est déjà pas mal !
Plusieurs cas sont possible :

  • Juste avec vos réponses et sans aucun examen, l’ostéopathe sait qu’il/elle ne peut vraiment rien faire pour vous ==> vous serez alors réorienté(e) vers le professionnel adéquat.
    EXEMPLE : vous vous plaignez d’une forte toux, de fièvre, et de difficultés pour respirer ==> cela ressemble fortement à un syndrome grippal, et donc hors de nos compétences

  • Vos réponses ont éveillé notre curiosité et nos doutes, et seuls des examens complémentaires peuvent les lever ==> vous ne serez pas touché non plus, il vous sera conseillé de voir votre médecin traitant pour pousser les imageries et analyses
    EXEMPLE : Vous avez 60 ans, et suite à une chute d’une échelle la veille, vous avez mal aux lombaires. Seule une imagerie pourra objectiver la présence d’une fracture ou non. Nous ne pourrons vous aider que s’il n’y en a pas.
  • A nouveau, vos réponses nous font douter, mais cette fois l’imagerie n’interdit pas de vous toucher : vous serez examiné(e), puis en fonction des tests, l’ostéopathe décidera si elle/il peut vous manipuler, ou si vous devez être réorienté(e).

EXEMPLE : Vous présentez une sciatique depuis des mois, vous avez déjà fait plusieurs imageries et elles reviennent toutes négatives (« normales »), mais depuis 2 jours, vous n’arrivez quasiment plus à bouger, et vous n’en dormez pas la nuit. L’ostéopathe déduira que chaque mise en tension risque d’être compliquée. Si elle est même impossible, un traitement par médicaments sera sans doute plus bénéfique à court terme. Une fois la phase inflammatoire passée, la/le praticien(ne) devrait pouvoir vous aider à refaire fonctionner votre corps.

Aucun drapeau rouge à l’horizon : tout porte à croire que vos soucis sont mécaniques ==> votre consultation d’ostéopathie peut continuer normalement !

Autant dans la partie précédente, je ne pense pas trop me mouiller en incluant la plupart des ostéopathes, autant dans celle qui suit, je vais laisser les autres tranquilles et n’inclure que moi… !

II. Déterminer un contexte

Comme expliqué précédemment, je ne recherche pas l’origine de la douleur, mais plutôt à établir le contexte global dans lequel vous vous trouvez actuellement.

Chirurgie, traumatismes, maladies, hernie discale, activités quotidiennes, loisirs, poste de travail, mauvaise expérience avec des soignants, état d’esprit psycho-social, mais encore âge ou corpulence sont autant de critères (liste non exhaustive) à prendre en compte pour comprendre ce contexte et me permettre d’adapter ma prise en charge :

  • Proposer des hypothèses de dysfonctionnements
  • Les confronter à l’analyse visuelle et palpatoire de votre corps
  • Quelle stratégie utiliser ?
  • Quelles techniques utiliser pour vous soigner ?
  • Combien de séances ?
  • Étalées sur quelle durée ?
  • Quels conseils préconiser ?

Prise en charge pluridisciplinaire ?

EXEMPLE :
Voici 2 personnes présentant a priori la même plainte :

  • Madame Irina-Lin G., 74 ans, spondylarthrite ankylosante, ex peintre en bâtiment, se plaint d’une pointe entre les omoplates récurrente depuis des années, accentuée depuis 2 semaines suite au décès de son poisson rouge.
  • Monsieur Juan-Mouloud F., 27 ans, danseur classique, sans aucun antécédent notable, s’est réveillé il y a 2 jours avec également une pointe entre les omoplates, et c’est la 1ère fois que ça lui arrive.

Sans rentrer dans les détails, les disparités importantes entre ces 2 individus font qu’on peut facilement s’imaginer que la prise en charge sera totalement différente, pour ce qui semble être la même douleur.

Conclusion : L'arbre décisionnel

En ostéopathie, la finalité sera de traiter les dysfonctionnements de votre corps pour soulager vos maux.
Mais un peu comme lorsque vous passez une imagerie, l’interrogatoire sert dans un premier temps à savoir ce que vous n’avez pas !

En fait, on procède par élimination en suivant un arbre décisionnel, une sorte d’entonnoir écartant les hypothèses par ordre de gravité.
Une fois que l’ostéopathe est sûr que votre place n’est pas aux urgences d’un hôpital et que votre motif de consultation est bien dans son champ de compétences, les examens visuel et palpatoire l’aideront à cibler les dysfonctions.
Ces dernières seront alors à replacer dans un contexte, afin d’adapter la prise en charge globale.

L’interrogatoire est donc indispensable car c’est le tronc de notre arbre décisionnel.
En effet, on ne bâtit pas une maison en commençant par le toit… ! 🙂