Imagerie

Vous êtes nombreux à débarquer dans mon cabinet d’ostéopathie avec cette phrase qui paraît n’avoir aucun sens :

« J’ai mal mais on me dit que je n’ai rien, que tout va bien »

En général, votre état est assez proche de l’agacement, l’énervement, l’incompréhension, et tout un tas d’autres émotions plutôt négatives.

Et c’est tout à fait compréhensible :

  • Vous consultez un professionnel de santé pour une plainte

  • On vous envoie faire une imagerie

  • Celle-ci revient « négative » c’est-à-dire qu’on y voit rien d’anormal

  • Le radiologue et/ou votre médecin vous disent alors que vous n’avez rien

  • Vous vous demandez donc « comment puis-je avoir mal si je n’ai rien ? »

  • Et dans certains cas, vous commencez même à douter de votre propre ressenti (« Ai-je vraiment mal ou c’est dans ma tête » ?)

Pour démêler tout cela, reprenons depuis le début.

I) A quoi sert l’imagerie… et à quoi ça ne sert pas ?

Les techniques d’imagerie médicale permettent de visualiser l’anatomie c’est-à-dire la forme et l’état des tissus : os, muscles, tendons pour ne citer que les principaux concernés en consultation ostéopathique.

Sans rentrer dans les détails du fonctionnement de chaque technique, on peut citer la radiographie, le scanner, l’IRM et l’échographie.

Pour faire très simple, chacune donne une photo plus ou moins précise de telle ou telle structure à un instant T.

Il s’agit donc d’une sorte de compte rendu statique de votre corps, mais en aucun cas, elles ne donnent d’information sur son fonctionnement, c’est-à-dire comment votre corps bouge.

II) Que recherche-t-on ?

A. Le but premier de l’imagerie est en fait de vérifier… que vous n’avez rien !

Cela fait partie d’un arbre décisionnel où on cherche à d’abord éliminer ce qui est grave.

J’en parlais justement dans le texte « L’INTERROGATOIRE ».

Une imagerie ne vous est prescrite qu’en cas de doute, de suspicion ou tout simplement d’incompréhension du tableau clinique :

– Signes alarmants ?

– Contexte traumatique ?

– Échecs de plusieurs traitements ?

En fonction du contexte, on peut alors rechercher une fracture, une rupture ligamentaire ou tendineuse, une grosse hernie discale, ou sinon bien plus grave, une tumeur, des lésions neurologiques, etc…

C’est donc bon signe lorsque l’imagerie revient négative : vous n’avez rien de grave.

Mais ce n’est pas pour autant que le diagnostic est posé… ce qui nous mène à la 2ème utilité !

B. AIDER à poser le diagnostic.

Si l’écrire en majuscule n’est pas assez clair, je vais ré-insister sur le terme AIDER.

Pour aboutir à un diagnostic, il faut corréler différents éléments :

  • l’interrogatoire : tout le contexte qui entoure votre vie et votre douleur

  • l’examen clinique : quelles structures souffrent lorsqu’on les met sous contrainte

  • Et si cela ne suffit pas, des examens complémentaires : prise de sang, EMG, imagerie…

Aucun de ces éléments n’est indissociable, chacun aidant l’autre à poser un diagnostic, et par extension, proposer un traitement :

INTERROGATOIRE + EXAMEN CLINIQUE + EXAMEN COMPLÉMENTAIRE

=

DIAGNOSTIC ⇒ TRAITEMENT

III) Manque de communication

Depuis plus de 10 ans que je fais ce métier, j’ai l’impression que pour beaucoup de gens, l’imagerie va donner un diagnostic, et par extension le traitement.
Il existe donc un décalage entre les attentes et les apports réels, ce qui crée justement toute cette incompréhension et cette frustration.

Selon moi, ce décalage devrait être comblé par quelques explications du corps médical.

  • Peut-être que votre praticien(ne) n’a vraiment pas le temps (coucou la casse du système de santé depuis des années !).
  • Peut-être que votre praticien(ne) ne prend pas le temps.
  • Peut-être n’avez-vous jamais posé la question.


Petit plaisir perso : (le rapport avec ce texte se trouve vers 4min44)

IV) Traduction du jargon médical

Partons d’un postulat simple : si vous avez mal, c’est que quelque chose ne va pas. Point.

Donc, lorsque votre radiologue vous dit que tout va bien, cela ne veut pas dire que vous n’avez rien.

    • Cela signifie que vous n’avez rien… de grave !

    • Cela signifie qu’aujourd’hui, avec nos technologies actuelles, nous ne voyons rien d’anormal, rien qui expliquerait vos douleurs.

    • En revanche, le fait de ne rien voir peut orienter vers une pathologie fonctionnelle, c’est-à-dire que votre corps ne présente aucune lésion structurelle, mais que son fonctionnement est altéré.

    • Et c’est précisément dans ce cas que votre ostéopathe pourra vous être utile 🙂

Peut-être que dans un futur proche, nous disposerons d’une technologie permettant de voir que lorsque vous bougez, vous appuyez un peu trop sur votre ménisque, ou que votre ligament est un peu trop étiré.

Et même si cela arrive, l’imagerie ne restera qu’une aide. Plus précise, mais une aide quand même 😉
 

V) Conclusion

Pour résumer, la prochaine fois qu’on vous dira que vous n’avez rien :
1. Demandez plus de précisions
2. Et ne désespérez pas : un(e) ostéopathe pourra sûrement vous aider, peut-être avec l’aide du kinésithérapeute, du podologue et/ou d’autres professionnels de la pathologie fonctionnelle !